1967 : une fête de Pâques mémorable
Avec 3 autres ingénieurs travaillant sur le site du futur Centre Spatial Guyanais de Kourou, nous sommes partis faire une "
balade " de 3 jours sur le
Haut-Maroni.
Départ de Cayenne en "
Piper-Aztec " pour arriver à
Maripasoula ( ce n'était alors qu'un simple village (*), perdu dans la forêt amazonienne ( en Guyane on la surnomme « l’Enfer Vert » ). En 1967, il y avait seulement 600 hab. ( environ 9.000 hab. aujourd'hui ! ), tous autochtones sauf 2 gendarmes métropolitains représentant l'état ! ).
(*) : Il n'est devenu une
commune de plein exercice qu'en 1969 lors de la suppression du
territoire de l'Inini
Après avoir enregistré notre état civil et nos coordonnées, ils nous ont demandé la date précise de notre retour ...
afin de pouvoir partir à notre recherche si nous n'étions pas de retour comme prévu ! C'est à ce moment là que nous avons vraiment compris que nous étions partis pour une véritable " aventure " !
Après quelques précieux conseils, nos 2 gendarmes nous ont présenté à l'équipage de la traditionnelle pirogue que nous allions utiliser pour remonter le fleuve :
deux robustes indiens
wayanas ( un motoriste et un takariste debout à la proue avec une longue perche appelée Takari ).
Le Maroni est parsemé de
sauts, dans lesquels l'on est à la merci :
👉 d'une panne de moteur ( d'où l'importance de son entretien par le motoriste )
👉 du takariste qui utilise sa perche pour prendre appui sur les rochers et éviter un crash en déviant la pirogue !
A la montée c'est le moteur qui est le plus important, mais
lors des descentes notre vie est entre les mains du takariste :
ça va très très vite et croyez-moi « on serre les fesses », d'autant qu'avant d'aborder le saut les piroguiers cherchent la meilleure passe - qui change selon les pluies - et vous demandent de vous taire pour ne pas déranger le « Dieu du saut » ... et ne pas perturber leur concentration ! De toute façon, personne n'a envie de tchatcher ... et les croyants préfèrent plutôt faire une prière mentale !
Avec une confiance aveugle en nos deux piroguiers, nous sommes alors partis pour une 1/2 journée de navigation en amont de Maripasoula, avec le franchissement de nombreux sauts de longueurs variées
( le plus grand saut a une longueur de 400 m ) comme sur la photo ci-dessous ( trouvée sur GOOGLE ) :
jusqu'à notre rencontre avec un jeune Wayana
(*) qui semblait nous attendre sur sa pirogue :
(*) Les wayanas sont également appelés " Roucouyennes " car ils s'enduisent le corps d'une pommade rouge ( faite avec le fruit du Roucou ) qui leur sert de crème solaire et leur permet d'éviter les piqûres d'insectes.
pour nous escorter jusqu'à son village (
une trentaine d'habitants ) et ses traditionnels "
carbets " :
Nous y avons été magnifiquement accueillis et un carbet a été mis à notre disposition, avec des hamacs, pour y passer 2 nuits
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Scènes de la vie quotidienne :
Une séance d'épouillage :
Chez les wayanas les poux sont une véritable friandise et sont considéré comme une nourriture extrêmement fortifiante.
Une petite sieste :
En plein travail :
Une adorable petite indienne perdue dans ses pensées :
et ses animaux de compagnie ( de magnifiques
aras ) :
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Le «
Mythique chemin des Émérillons » :
En complément de notre modeste aventure ci-dessus, j'ai pensé intéressant de vous parler de celle que les moins de 80 ans ne doivent pas connaitre :
👉 la folle aventure de
Raymond Maufrais, parti seul sur la piste en rouge ci-dessus, sac au dos, carabine à la main avec son chien Bobby trottinant à ses côtés !
Malheureusement ce fut une odyssée sans retour et son père passera 12 ans de sa vie à le chercher en vain
C'est un Indien qui découvrit par hasard, au bord d'une rivière, les restes de son dernier bivouac avec son journal de bord qui ne laissait que peu d'espoir sur son avenir.
L'on y découvre que le 1er janvier 1950, dans un état d'épuisement complet et la faim le faisant délirer, à bout de forces il abat son chien Bobby et le dévore. Il lui reste malgré tout assez de raison pour décider de modifier son trajet et de descendre la rivière sur un radeau dans la construction duquel il met ses dernières forces ... et qui coule lorsqu'il le met à l'eau ( il ne connaissait probablement pas les « bois qui coulent » ). Malgré son extrême faiblesse, il décide alors de partir à la nage vers un village en aval, et le 13 janvier il se jette à l'eau ... personne ne le reverra plus
A mon humble avis, dans l'état où il était, il n'avait pas une chance sur un milliard de réchapper aux sauts de la rivière et il a vraisemblablement été dévoré par un caïman voire un
anaconda ou des
piranhas.
70 ans après,
Eliott Schonfeld a décidé de refaire le périple de Raymond Maufrais :
Un rêve… et un cauchemar : et